Avec des milliers de visiteurs tous les jours en été, est-ce que Santorin est une destination touristique propre ? Comment font les habitants pour absorber le très fort surplus de déchets en été quand les vacanciers sont de passage ?
Santorin souffre du surtourisme. Ses infrastructures ne sont pas adaptées et ne peuvent pas recevoir autant de touristes qu’actuellement. La situation n’est pas nouvelle et engendre de vrais problèmes pour la municipalité qui n’arrive pas à satisfaire les habitants et le niveau de service qu’elle souhaite en haute-saison.
Les vacanciers le voient lorsque leurs yeux se posent sur les poubelles qui débordent et les terrains qui sont jonchés de plastiques, de détritus et de matériaux de construction. C’est surtout vrai dès qu’on s’éloigne des rues passantes de Fira et Oïa.
? Une des activités phares à Santorin est l’excursion en bateau jusqu’au volcan encore actif au centre de la caldeira.
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Santorin a longtemps été très pauvre. Le dernier séisme dans les années 50 a vidé l’île. Les déchets n’étaient alors pas un problème. Quand on est très pauvre, on génère peu de déchets… Si on regarde encore plus loin dans le temps, Akrotiri avait déjà il y a plusieurs milliers d’années de l’eau potable et un système d’égouts. Et puis le tourisme est arrivé. Enrichissement rapide d’une partie de la population, montée en gamme des prestations, infrastructures qui peinent à suivre et mentalités qui n’évoluent pas aussi vite que le nombre de touristes. À Santorin, on consomme de l’eau en bouteille, on ne boit pas l’eau du robinet et on jette beaucoup. Mais on trie peu et on recycle encore moins. D’ailleurs, il n’y a qu’une seule poubelle dans les hébergements.
La décharge de Santorin
Une décharge existe sur Santorin depuis plusieurs dizaines d’années. Elle se situe au Sud de Fira entre la route principale de l’île qui mène au port des ferry et la falaise. Depuis la route, elle se remarque à peine et c’est normal, elle est légèrement en contrebas d’une butte et la route d’accès n’est indiquée que par des panneaux en grecs. Depuis la mer, on ne voit rien non plus : depuis les flots, elle se situe en surplomb de la falaise. Et comme si un malheur ne suffisait pas, c’est à l’aplomb de la falaise que le Sea Diamond a coulé : toute la caldeira vit en sursis à cause de la pollution qui s’échappe de l’épave.
La décharge s’étend sur presque 1km de long et les poubelles, stockées en plein air dans une ancienne mine à ciel ouvert, font très mauvais genre : les papiers s’envolent et se retrouvent à proximité sur l’île et dans la mer. Les jours de forte chaleur, des relents nauséabonds sont transportés par les airs. Pour le cliché touristique, on a vu mieux !
Des solutions qui se font attendre
Sur certaines petites îles grecques, la question de la collecte et du traitement des déchets n’est pas dans les mains des municipalités : c’est un organisme régional spécialisé dans la gestion des déchets qui s’en occupe. C’est le cas à Santorin. Et depuis plusieurs années, la décharge est illégale. La situation s’est améliorée depuis le début du siècle mais le nombre de visiteurs a tellement augmenté que la situation est critique désormais. Cette décharge, qui est la seule au monde à avoir une vue aussi recherchée, est aussi une des dernières de toute la mer Égée.
En 2019, la solution a vraiment été posée sur la table : Les normes UE sont loin d’être respectées, la pollution impact l’air, les sols et la mer. Malgré ce constat, toutes les propositions de nouvelle installation ont été rejetées : personne ne veut voir sa propriété ou sa petite affaire touristique impactée et dévaluée par la présence d’une unité de traitement des déchets à proximité.
En 2022, une solution semblait être trouvée. En attendant la réalisation et la mise en route d’une installation de traitement des déchets modernes (avec tri, recyclage, compostage, incinérateur et station d’épuration), une unité temporaire devait voir le jour. Le projet doit s’étendre sur plusieurs années, être dimensionné pour les 20 prochaines années et la création de chaleur de l’incinérateur doit permettre de générer de l’énergie. Les volumes annuels traités sont de 26000 tonnes.
La solution temporaire consiste en des bacs de tri et des installations mobiles. Étant donné la rareté et la cherté du foncier, tout doit tenir sur le site de l’actuel décharge : la décharge, la solution temporaire et les nouvelles installations. En parallèle, Santorin a réactivé le programme « Santorin sans plastique » du ministère du tourisme.
Les installations auraient dû commencer à fonctionner en 2023.