Santorin est une île étroitement liée au volcanisme et les tremblements de terre font partie de la vie des habitants. Le dernier tremblement de terre important, en 1956, avait détruit la majorité des habitations de l’île et généré un exode massif. Depuis quelques semaines, plus de 19000 séismes dans une zone de 1000km2 autour de Santorin ont été enregistrés (dont plusieurs centaines ressentis par les habitants) et l’activité semble aller en s’accélérant.
À l’époque, en 1956, Santorin était encore une île très pauvre et peu peuplée et le séisme, de magnitude 7, avait traumatisé la population qui s’était enfuie en masse. Beaucoup n’étaient pas revenus et c’est le tourisme et la perspective de sortir de la pauvreté en travaillant dans ce nouveau secteur porteur qui a tiré l’économie vers le haut. Ce n’était pas le seul tremblement de terre et dans les siècles précédents, d’autres tremblements de terre sont documentés.
Aujourd’hui, il y a plus de 15000 habitants à l’année sur Santorin et les constructions sont beaucoup plus denses qu’il y a 70 ans. Un séisme équivalent à celui de 1956 causerait beaucoup plus de dégâts matériels et humains. Par précaution, et parce que le dernier séisme se raconte toujours dans les familles, un vent de panique a commencé à saisir les habitants avec la multiplication des séismes depuis le début de la semaine. 11000 personnes ont déjà évacué l’île et les rotations de ferrys et d’avions ont été renforcés.
Les 3 millions de visiteurs annuels sont, eux aussi, impactés. La saison touristique n’a pas encore commencé, mais il y a toujours des vacanciers sur l’île et les tremblements de terre actuels perturbent les activités touristiques. Que les piscines aient dû être vidées conformément aux règles de sécurité exigées par les autorités récemment est un moindre mal : en hiver, peu de monde se baigne (et les piscines ne sont pas chauffées).
L’île est sous surveillance permanente depuis 1964 : des appareils mesurent en continu l’évolution du volcan qui se cache sous les entrailles de Santorin : secousses, émissions de gaz, dilatation des sols, mesures diverses… afin de savoir et de prévoir. Pour les habitants, plusieurs milliers de petits séismes ont touché l’île depuis janvier et certains étaient très nettement ressentis. Le plus important afficha 5,2 sur l’échelle de Richter (le 5 février). Quelques éboulements et glissements de terre se sont produits et des alertes SMS officielles ont été transmises. Les autorités locales ont demandé d’évacuer certains bords de mer pour éviter les conséquences d’un tsunami meurtrier comme en 1956 et les écoles ont été fermées.
Ce n’est pas la première année que des tremblements de terre à répétition se produisent dans le secteur. En 2011 et 2012, les séismes s’étaient étalés sur plus de 12 mois.
Malgré tous les relevés, les scientifiques sont bien en peine d’imaginer la suite : ce n’est pas le volcan de Santorin qui gronde, mais la faille tectonique située au Nord-Est de l’île et qui traverse les Cyclades qui semble s’activer franchement ces dernières semaines et ces derniers jours. Est-ce le signe qu’un volcan proche se réveille ? Autour de Santorin, il existe d’autres volcans que celui de la caldeira et celui de Kolumbo, situé non loin de l’épicentre des récents séismes, pourrait être impliqué. Ça pourrait aussi être un simple tremblement de terre ou encore des mouvements engendrés par des fluides sous pression.
Les spécialistes reconnaissent qu’il y a beaucoup d’inconnues pour l’instant, mais que l’activité sismique récente est certainement d’origine tectonique plutôt que volcanique, que le volcan principal de Santorin ne devrait pas se réveiller et que les tremblements de terre ne devraient pas dépasser la magnitude de 6. De tels épisodes sismiques peuvent durer jusqu’à 6 mois.
Mise à jour le 18 février 2025 : les séismes s’espacent et sont de moindre amplitude, mais l’état d’urgence local est toujours actif. Les scientifiques ont installé de nouveaux appareils de mesure et les services de sécurité sont toujours mobilisés. Quelques secteurs sont interdits d’accès à cause des risques d’éboulement. Amorgos (une île proche) est dans une situation similaire. Les habitants de Santorin ne sont pas encore revenus et la principale interrogation concerne aujourd’hui la saison estivale. Avec plus de 90% de l’économie de Santorin qui dépend du tourisme, la question de l’arrviée des touristes dans les mois qui viennent est sur toutes les lèvres : Est-ce que les vacanciers seront toujours au rendez-vous cet été ?
Mise à jour le 5 mars 2025 : les secousses telluriques perdent en intensité. Les habitants de Santorin reviennent petit à petit sur leur île. Les écoles ont rouvert.